Les inondations du lac Tanganyika menacent la ville de Kalemie

, par  KAPALAY KABEMBA Jean-Pierre

Dans une interview accordée à cette chaine de la Radio BBC, Bernard SINDAYHEBURA indique que ses recherches montrent que dans quatre mois, les eaux du Lac Tanganyika dépasseront le niveau historique de 1961. Toujours selon cet expert, les affluents du Lac Tanganyika déborderont également touchant même les zones éloignées.

Le Slow Food Tanganyika qui s’intéresse depuis plusieurs années aux pêcheurs et à la pêche dans le lac Tanganyika et ses affluents, avec ses partenaires, l’Académie Paysanne de pêche et le COPETANG, confirme, eu égard à l’évolution de la situation sur terrain ce qu’a prédit Monsieur Bernard SINDAYIHEBURA il y a peu. Aujourd’hui, la ville de Kalemie, chef-lieu de la Province du Tanganyika, présente un tableau macabre. Elle connait depuis 16 jours une montée des eaux du Lac Tanganyika et de presque tous ses affluents.
La rivière Lukuga, la seule voie de sortie de toute la quantité d’eau que reçoit le Lac Tanganyika de ses affluents des 4 pays qui partagent en commun les eaux du Lac à savoir : la R.D.Congo, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie, ne refoule plus ses eaux vers le fleuve de la manière habituelle. Pour de nombreuses raisons ; les conséquences sont déjà multiples sur presque tous les plans.

Sur le plan social et Infrastructure

Depuis la montée des eaux du Lac Tanganyika environ 110 maisons construites sur le bord du Lac sont soit détruites, soit englouties ou inondées par les eaux du Lac. De ce fait, de nombreuses familles victimes de cette catastrophe sont contraintes d’abandonner leurs résidences et cherchent d’autres abris vers les quartiers de la ville beaucoup plus sûrs.
En plus les deux artères principales qui faisaient la fierté de la ville, à savoir l’Avenue Lumumba et l’Avenue Kalemie, sont coupées par les eaux refoulées par la rivière Lukuga. Ceci entraine ainsi la hausse de prix du transport urbain qui passe de 500 FC à 1.000 FC voir 1.500 FC la course.

Sur le plan environnemental

Des nombreuses belles plages dispersées sur le littoral du Lac Tanganyika disparaissent avec la montée des eaux ; certaines plantes utiles pour l’alimentation des poissons, des arbres plantés sur le bord du Lac Tanganyika par différents programmes, eux aussi subissent de plein fouet les conséquences de cette montée spectaculaire des eaux du lac

Sur le plan économique

Le pont de Moba à environs 350 Km de la ville de Kalemie est presque entièrement dans l’eau et fonctionne au ralenti. Plusieurs patrons pêcheurs ont vu leurs recettes diminuer à environ 35%. Les pêcheurs ne savent plus évacuer leurs produits de la pêche vers les grands centres de consommation à temps et d’autres sites de débarquement de Boat, le long du Lac Tanganyika jusqu’à Muliro, sont soit fermés, soit abandonnés ou ont vu la fréquence d’accostage des petits bateaux de pêche sensiblement diminuer.
Il convient de signaler que les engins motorisés qui servent à évacuer la production des pêcheurs (fretin, Mikebuka, Kasangala etc..) des sites de pêche appelés communément MARASI vers les centres de commercialisation et de consommation diminuent ainsi leur revenu.

Pour Slow Food et ses partenaires, quelles réponses à ces problèmes ?

A court terme

Le Slow Food Tanganyika avec ses partenaires à savoir l’Académie Paysanne de Pêche et le COPETANG pensent que :
• Les pêcheurs du Lac Tanganyika de Muliro à Uvira doivent désormais développer les mécanismes d’adaptation à ces phénomènes perturbateurs apportés par le changement climatique.

• Mettre le problème des inondations du Lac Tanganyika au cœur de la préoccupation de Slow Food, l’Académie Paysanne de Pêche et le COPETANG ;

• Pour le Slow Food et ses partenaires voir toujours les inondations du côté négatif n’est pas bon ! mais plutôt étudier localement les pistes de solution afin d’utiliser le surplus d’eau qu’apportent les inondations ;

• Créer et développer la pisciculture et l’aquaculture, des activités qui vont contribuer à diminuer sensiblement la pression des pêcheurs sur Lac Tanganyika dans 10 ou 15 ans.

A moyen terme

Que le quatre pays, dont la République Démocratique du Congo, le Burundi, La Tanzanie et la Zambie, qui partagent le Lac Tanganyika en commun initient un projet de curage de la rivière Lukuga dont le lit se rétrécit jour après jour suite aux nombreux déchets jetés par les riverains, et accumule des tonnes et des tonnes de sol drainées par les pluies suite aux constructions anarchiques sur les collines surplombant la rivière etc.

A long terme

La construction d’un mur de soutènement côté congolais partant du port de Kalemie jusqu’au pont Lukuga afin de freiner l’avancée inquiétante des eaux du Lac Tanganyika vers la terre ferme, qui a déjà causé des dégâts considérables au risque de voir le quartier Dav, l’hôpital SNCC, l’Avenue Kalemie, une partie de chemin de fer reliant Kalemie à Kindu, Lubumbashi et le deux ex provinces du Kasaï disparaitre un jour de la carte géographique de la ville de Kalemie.
Voilà les quelques pistes de solutions proposées par les Slow Food Tanganyika et ses partenaires par rapport à la gestion des inondations présentes et futures du Lac Tanganyika.

KAPALAY KABEMBA Jean Pierre

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